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« Adolescence », l'alerte qu'aucun adulte ne peut ignorer

  • Photo du rédacteur: APsychotherapist&theCity
    APsychotherapist&theCity
  • 20 mars
  • 7 min de lecture

Stephen Graham (le Père) et Owen Cooper (Jamie)
Stephen Graham (le Père) et Owen Cooper (Jamie)

Analyser la mini-série Netflix « Adolescence » semble être un défi insurmontable. Comment trouver les mots pour exprimer la perfection, la douleur intense et la tristesse de se rendre compte que ce que l'on voit à l'écran se produit, à des degrés divers, partout autour de nous ?

En même temps, nous ne pouvons pas ne pas en parler, car c'est vital pour tout le monde. Oui, exactement, pour tout le monde. Il ne faut pas en parler que pour les adolescents, ni un sujet réservé aux parents ; cela concerne chaque individu dans notre société.


En quelques mots, "Adolescence" est une série percutante en 4 episodes en plan-séquence qui débute sur l'arrestation de Jamie, un garçon de 13 ans accusé d'avoir poignardé et assassiné une camarade de classe.

Stephen Graham, qui incarne le père dans la série mais qui a également co-créé et produit la série, a déclaré à la BBC qu'il a ressenti le besoin de raconter l'histoire lorsqu'il a lu les nouvelles effrayantes de deux episodes où de garçons avaient assassiné des adolescentes avec un couteau et que cela l'a vraiment frappé : dans quel genre de société vivons-nous ?


Si vous n'avez pas encore regardé ou terminé la série , il y a des spoilers dans les paragraphes suivants.

Dès le premier épisode il devient tout de suite évident que les réseaux sociaux et Internet ont joué un rôle décisif dans le crime.

On peut affirmer en toute confiance et sans hésitation que sans la pression exercée sur les jeunes afin qu'ils partagent des photos d'eux-mêmes nus à travers leurs smartphones, photos qui peuvent ensuite se propager de manière virale sur Snapchat ou dans les discussions de groupe WhatsApp, et sans les commentaires sur Instagram qui ont intensifié l'intimidation et l'humiliation, Jamie n'aurait pas poignardé sa camarade de classe .


Entre 2010 et 2015, les individus et les sociétés du monde entier ont non seulement adopté collectivement les smartphones et les médias sociaux comme des éléments essentiels de la vie quotidienne, mais ont également accepté, ou jugé inévitable, que les enfants et les adolescents fassent de même.

Si vous avez déjà lu mon blog ou mes articles, vous avez peut-être une idée de l'effroi que cela m'inspire depuis au moins dix ans. En tant que professionnels de la santé mentale, nous avons eu le privilège et l'opportunité d'observer les premiers signes inquiétants des effets néfastes des smartphones, d'Internet et des réseaux sociaux sur les jeunes, mais nos inquiétudes et nos appels à l'aide étaient isolés, inefficaces ou pas assez forts. Jusqu'à la parution de Jonathan Haidt et de son livre « Génération Anxieuse» l'année dernière, qui a mis en lumière la façon dont nous avons utilisé la génération Z comme cobaye en ne la protégeant pas suffisamment des réseaux sociaux, online videogames et smartphones.

Je pense que cette série a le potentiel d'etre aussi puissante et efficace que le livre de Jonathan Haidt. C'est une occasion en or, un signal d'alarme pour nous tous, adultes responsables qui devons protéger les jeunes générations, pour que nous ouvrions les yeux et agissions maintenant.


Les enfants et les adolescents ne devraient pas être sur les réseaux sociaux et les parents ne devraient pas leur acheter de smartphones.

Certains peut-etre se posent encore la question: mais pourquoi?

Malgré leur intelligence et leur éloquence qui nous laissent souvent bouche bée (voir Jamie avec la Psychologue dans l'épisode 3), les adolescents n'ont pas encore un cerveau adulte complètement formé. Le cortex préfrontal est impliqué dans de nombreux processus cognitifs d'ordre supérieur tels que la prise de decision, la planification, le contrôle des impulsions, le raisonnement. Il nous aide aussi à ignorer les distractions et de maintenir l'attention sur une tâche donnée.

Le cortex préfrontal est la dernière partie de notre cerveau à achever son processus de "rewiring", qui ne se complète que vers 25 ans.

Le cerveau des adolescents subit de nombreux changements et peut formuler des hypothèses et des pensées complèxes et étonnantes, mais il n'est pas encore capable de contrôler efficacement les impulsions, une tâche précisément gérée par le cortex préfrontal. Les adolescents ont souvent du mal à comprendre et à gérer leurs émotions, à se retenir d'agir de manière impulsive et à anticiper les conséquences de leurs émotions et de leurs actes.


Ce que j'ai trouvé de si puissant dans cette série, c'est la façon dont le scénario et les acteurs ont su parfaitement transmettre un besoin visceral, essentiel et irrésistible de tout adolescent : être aimé et apprécié . C'est un besoin émotionnel qui est au cœur de leur expérience : « Je veux juste être aimé. » C'est aussi ce que Jamie crie, désespéré et féroce, à la psychologue qui conduit son évaluation : « Est-ce que vous m'appréciez, comme personne? ? »

La plupart des adolescents crient implicitement et silencieusement « Est-ce que je te plais ? » à leur entourage. Se sentir et se savoir acceptés est essentiel à leur estime de soi et à la perception qu'ils ont d'eux-mêmes. Ils ont besoin de le savoir pour savoir quoi penser d'eux-mêmes et comment se situer dans le monde.


Pour un moment, réfléchissons sur ce que nous, notre société - technologie, individus, pays, gouvernements - avons fait à nos jeunes en leur permettant d'être sur les réseaux sociaux, collés à leurs téléphones et isolés dans leurs chambres avec des écrans et des chats : nous avons exposé leur besoin le plus brutal, le plus vulnérable et le plus puissant, au monde entier, sans aucune protection, laissant la place à l'intimidation, à l'humiliation et à des émotions négatives accablantes et non contenues.


Que ressent un adolescent lorsqu'il ou elle reçoit un « like » ou d'un commentaire sur Instagram ? Quel effet cela a-t-il sur son besoin d'être aimé et accepté ? Et que se passe-t-il lorsque cela se retourne contre lui ? Comment son cortex préfrontal peut-il être équipé pour gérer seul toute cette tempête émotionnelle, alimentée par les réseaux sociaux et des inconnus peu aimables ?

Evidemment, tous les enfants présents sur les réseaux sociaux ne commettront pas de délits ou ne seront pas victimes de violence. Cependant, les effets négatifs d'Instagram, des groupes WhatsApp ou de TikTok sont innombrables et il est impossible de tous les citer dans cet article.

L' un des principaux risques réside dans l'impact sur l'estime de soi et dans les occasions manquées d'expériences et d'interactions réelles, qui sont au cœur de leur perception de Soi. Dans les générations précédentes, de nombreux adolescents manquaient de soutien parental ou vivaient des relations familiales abusives, mais ils avaient la possibilité de se découvrir grâce à leurs relations réelles avec leurs pairs plutôt qu'aux commentaires d'inconnus.


L'adolescence a toujours présenté ses défis . Il s'agit d'un stage de développement délicat qui exige une adaptation de la part des individus et de leurs parents, ainsi que des systèmes éducatifs et des différents systèmes impliqués.

J'ai travaillé comme psychothérapeute dans des lycées londoniens et dans un Pupil Referral Unit (où étaient envoyés les enfants exclus de l'école).

Il y a treize ans, les adolescents et les adultes qui les entouraient étaient sans aucun doute confrontés à des difficultés et des défis, notamment, malheureusement, les gangs et les crimes au couteau. Cependant, il n'y avait pas l'envenimement constant provoqué par l'utilisation généralisée et aveugle des smartphones et d'internet que nous observons aujourd'hui.


Aux yeux d'un adulte, l'adolescence est une période déroutante qui véhicule des messages contradictoires. Les adolescents sont certes résilients et forts, avec d'innombrables opportunités de changement et de transformation. Ils exigent également indépendance et espace physique et émotionnel, ce qui pourrait communiquer aux adultes que ça y est, ils n'ont plus besoin de parents.

En même temps, quand on les observe, leurs comportements, leurs regards, leurs peurs, comme nous le rappelle la chanson « Fragile » de Sting interprétée par une chorale à la fin de l'épisode 2, on remarquera qu'ils sont aussi fragiles et qu'ils ont désespérément besoin de conseils et de protection. « on and on the rain will say how fragile we are how fragile we are/ La pluie continuera à nous dire combien nous sommes fragiles, combien nous sommes fragiles. »



Dans un monde aussi complexe et déroutant, quelles actions pouvons-nous entreprendre ? Comment éviter que davantage de parents soient obligés de dire : « Désolé, mon fils, j'aurais dû faire mieux ? »

Les parents des jeunes générations Alpha et Bêta ont aujourd'hui une réelle opportunité : ne pas donner de smartphone à leurs enfants et les empêcher d'utiliser les réseaux sociaux. Même si cela peut paraître impossible, il est possible de résister à la pression parentale : parlez-en autour de vous, observez autour de vous : de plus en plus de parents partagent les mêmes craintes et inquiétudes. Le changement est déjà en marche. Dans plusieurs arrondissements londoniens, les écoles ont interdit l'utilisation des smartphones et encouragé les parents à en acheter de simples à leurs enfants. Plusieurs écoles ont adopté la méthode du "pouch" qui empeche les éleves d'acceder à leur smartphones pour toute la journée à l'école. Des initiatives parentales exceptionnelles, comme « Smartphones Free Childhood » changent la donne et aident les parents à retarder l'utilisation des smartphones.


Mais la responsabilité ne repose pas seulement sur les parents, elle incombe à chaque adulte de notre société.

Les parents subissent une pression constante pour s'améliorer et se conformer à des modèles parentaux irréalistes, qui entrent en conflit avec les exigences sociales de soutien familial dans un contexte financier souvent inabordable. Même s'ils ont appris à s'apercevoir capables de gérer la situation seuls, les parents ont besoin du soutien du « village ».

Que nous ayons des enfants ou non, les enfants et les adolescents d’aujourd’hui sont aussi notre héritage et prendront un jour soin de nous en tant que médecins, politiciens, avocats, juges, infirmières, soignants, pilotes.

Parlez aux plus jeunes, inspirez-les, montrez-leur de véritables alternatives au monde virtuel, soyez un modèle, soyez présents lorsque vous êtes avec eux, impliquez les enfants et les adolescents que vous connaissez dans des activités qui leur procurent une VRAIE estime de soi et une véritable confiance en eux, soutenez-les dans la construction de relations SIGNIFICATIVES.


Parlons-en tous, comme nous parlons de l’importance de porter un casque et une ceinture de sécurité ou d’éviter le junk food ou l'alcol . Saisissons pleinement les occasions qui nous sont offertes de nous engager. Impliquons- nous tous, comme nous l'avons fait pour interdire et prévenir le tabagisme chez les jeunes.

Les puériculteurs, les médecins généralistes, tous les médecins, les psychologues, les pédagogues, les assistants de service social les écoles, les proviseurs, les enseignants, peuvent également jouer un rôle en aidant les parents et leurs enfants à refuser la pression sociale des smartphones et des réseaux sociaux, et à retarder au maximum l'exposition des jeunes enfants aux écrans.

Nous pouvons tous faire la différence.







 
 
 

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